27/09/2024 - Alauda Ruiz de Azúa démontre non seulement son évolution narrative, mais aussi sa capacité de proposer une image encore plus terrifiante de l'institution qu'est la famille hétéropatriarcale

Nagore Aranburu dans Querer

Une ville du nord de l’Espagne (Bilbao, pour être plus précis). Une famille de la classe élevée. Deux enfants adultes et indépendants. Une mère malheureuse qui s’est tue trop longtemps. Un père tranquille dans son statut de maître et roi de son foyer. C'est à partir de ces éléments que se déploie la série Querer [+lire aussi :
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fiche série], qui marque la première incursion dans ce format de la réalisatrice basque Alauda Ruiz de Azúa, remarquée il y a deux ans avec son premier long-métrage, Cinco lobitos [+lire aussi :
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fiche film], qui a d'abord été présenté à Berlin pour ensuite triompher au Festival de Malaga et décrocher trois Goya, notamment celui du/de la meilleur(e) réalisateur/trice à son premier long-métrage.

Ruiz de Azúa s'est ensuite vu confier une commande : la comédie romantique Eres tú pour Netflix, qui lui a permis de perfectionner l'habileté narrative dont elle avait fait preuve dans son premier long-métrage. Et voilà qu'une autre plateforme, Movistar Plus+, a recouru à son talent désormais démontré pour lancer cette série en quatre épisodes de 50 minutes chargés de tension qui a été dévoilée hors compétition au 72e Festival de San Sebastian.

Ici, c'est de nouveau la famille qui occupe le centre de l’intrigue, mais cette fois, ce n’est pas la maternité précoce de la fille qui bouleverse la vie des parents (et la sienne) : c'est la plainte que porte la mère (incarnée par Nagore Aranburu) contre son mari (Pedro Casablanc) pour des décennies de violences sexuelles. Ce nouvelle en forme de raz-de-marée ébranle l'équilibre déjà fragile de cette famille (et de son entourage) et affecte tout spécialement les deux fils (interprétés par Miguel Bernardeau et Iván Pellicer) qui, après l'effarement initial, vont devoir décider s'ils soutiennent leur mère ou leur père, et entendre deux versions différentes des faits..

Cependant, comme le montre bien la série, il n'est pas si facile que ça de prendre parti dans une situation aussi délicate et complexe. Un océan de doutes s'abat sur les personnages, et il en va de même pour le spectateur, qui s'interroge : comment me comporterais-je si c'était moi ? Comment serait ma vie si je me retrouvais dans une situation similaire ? Et même : dans quelle mesure ai-je toléré des mauvais traitements psychologiques dans ma propre sphère intime ?

Avec une partie initiale qui présente l'affreuse situation et un final qui retrace le procès auquel donne lieu la plainte pour violences domestiques, Querer montre qu'il n’y a pas de chemin facile ni de vraie solution pour les victimes, qui se sentent généralement très seules face au danger, parce qu'elles ne sont pas toujours soutenus, ni par la société, ni par leur famille. Le sentiment de culpabilité et la peur s'installent ainsi dans l’esprit de l’héroïne, qui sent sous ses pieds un gouffre, après avoir une boîte de Pandore où elle ne pouvait plus que faire de l'air.

De plus, pendant le procès, les enfants vont découvrir des aspects de la vie de leurs parents qu'ils n'avaient jamais même imaginés. Un dilemme (et une insoutenable confusion) plane sur ces jeunes qui ne sont jamais sûrs de prendre la bonne décision. Toute cette tension émotionnelle imprègne la série d’une maturité, d’un courage et d’une intensité captivantes et irrésistible autour d'une troupe remarquablement dirigée par Alauda Ruiz de Azúa, qui s'aventure ainsi une nouvelle fois dans les recoins les plus intimes de la famille.

Querer est une série originale Movistar Plus+, en collaboration avec Feelgood Media et Kowalski Films. Les ventes internationales du film sont assurées par Movistar Plus+ International.

(Traduit de l'espagnol)

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Alauda Ruiz de Azúa, Nagore Aranburu, Loreto Mauleón, Miguel Bernardeau, Iván Pellicer
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